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Henri Roger : piano, guitar

Bruno Tocanne : dms

Petit Label mai 2011

Une intelligence qui n’a d’égale que l’excitation que son écoute suscite

Quand un beau duo se fait la belle ! Voici un disque – un petit objet de collection par ailleurs – qui vient décocher ses flèches irisées avec une intelligence qui n’a d’égale que l’excitation que son écoute suscite. Bruno Tocanne (batterie) et Henri Roger (piano et guitare) ont uni leurs forces pour imaginer ce Remedios la Belle aux vertus évidentes dont la première, et non des moindres, est la faculté de nous donner à vivre chaque instant comme une profonde vibration. La traduction en musique, peut-être, d’une invitation à la pratique du carpe diem.

Ces deux musiciens, inventeurs d’échappées belles, véritables fouineurs des moindres recoins de notre curiosité, artistes attentifs et libres, se sont retrouvés dès février 2011 pour une série de duos en vue de l’enregistrement de ce disque, récemment publié sur le Petit Label. Le titre un peu énigmatique ? Son origine est à chercher dans l’arbre généalogique des personnages de Cent ans de solitude, le roman de Gabriel García Márquez - des personnages dont on retrouve les noms sur chacune des compositions du disque.

Bruno Tocanne : batteur dont la subtilité et la précision en font un artiste exemplaire, un instrumentiste accompli et généreux qui joue le rôle d’un formidable stimulant pour ceux qui l’approchent. Tantôt pointilliste, tantôt dessiné à grands traits, son jeu est le meilleur exemple que puisse fournir un percussionniste illustrateur : jamais il n’écrase ses partenaires, toujours il les aide à se découvrir et à s’élever avec lui. Pas de gros bras, pas d’ego surdimensionné : un vrai partenaire.

Henri Roger, multi-intrumentiste (ici pianiste et guitariste) se définit quant à lui comme un « autodidacte passionné par le dessin mélodique, la phrase, l’harmonie et le rythme » ; ce compositeur improvisateur, jamais en mal d’une idée nouvelle ou d’une association bigarrée, vit depuis belle lurette la position d’avant-garde comme une nécessité existentielle. Un duo prometteur sur le papier et qui ne déçoit nullement ; au contraire, il ouvre des pistes escarpées pour mieux titiller notre imaginaire.

Pas si facile de parler de Remedios la Belle, après tout ! C’est un album qu’on écoute pour lui-même ; on le qualifiera volontiers d’exigeant, voire d’exclusif, parce qu’il s’accommode mal de toute autre présence que la sienne ou d’une activité parasite. On fait le vide autour de soi, on l’écoute, un point c’est tout. Et on se laisse envahir. C’est un petit monde à lui seul, qui fait une très large place (toute la place ?) à l’improvisation de deux funambules dont le sens de l’écoute réciproque est poussé à son maximum. La double combinaison piano-batterie ou guitare-batterie n’est jamais prise en flagrant délit de bavardage stérile : le dialogue, toujours animé, n’est jamais contrarié par la domination d’une voix sur l’autre. C’est une conversation entre frères, une belle histoire d’atomes crochus, une de plus… Avec, ici ou là, un court monologue quand la situation l’exige. Mais toujours quelque chose à raconter. La multiplication des couleurs est réjouissante, on s’étonne de découvrir à quel point les deux musiciens sont ici, à chaque instant, de véritables peintres sonores, procédant par multiplication de petites touches qui finissent par dessiner une fresque chamarrée.

Tocanne et Roger cultivent et chérissent l’idée de liberté (voire de libération) musicale, dont une des armes est bien l’improvisation ; mais ils n’en perdent pas pour autant de vue une autre, tout aussi essentielle, celle du chant. Car si ce disque est bien celui d’une création spontanée, imprévisible et affranchie des conformismes, la musique qu’il délivre est constamment imprégnée d’essence mélodique. Une performance pas si courante et qui est la marque d’une belle réussite, celle d’un lyrisme contagieux. Si le mot n’était pas usé par notre époque trop souvent en panne de définitions originales, on serait tenté de dire que Remedios la Belle a quelque chose de solaire. Parce qu’il rayonne d’une belle complicité et d’un évident bonheur d’être là, au bon moment. Le privilège de l’instant, pour les musiciens comme pour nous tous.

Publié en un nombre restreint d’exemplaires, Remedios la Belle se présente dans un bel étui cartonné et sérigraphié. Sa musique libertaire vous touchera, c’est sûr ; mais vous pourrez aussi la toucher du doigt, ce qui est encore mieux. Laissez-vous séduire.

Denis DESASSIS - CITIZEN JAZZ

Un voyage onirique dans l’arrrière-pays de la création

Le batteur Bruno Tocanne et le multi-instrumentiste Henri Roger créent un duo inédit dans ce Remedios la Belle, au titre mystérieux et peu jazz assurément, qui fait référence aux personnages du roman fleuve "Cent ans de Solitude" du sud américain Gabriel García Márquez. Ces deux musiciens combattifs et combattants, tendres et joyeux, mais libres avant toute chose, ont imaginé une succession de quatorze petites pièces, pas faciles, pour illustrer sur le Petit label  normand leur nouvelle entreprise. Soixante minutes pour cent ans, la tâche est ardue…
Batteur exemplaire que l’on suit depuis son trio Résistance, Tocanne ne pouvait que se réjouir de faire une autre belle rencontre, de tenter un nouvel échange, sans soufflants cette fois. Un dialogue intime, attentif, jamais conflictuel, un appariement généreux allait s’établir avec Henri Roger, pianiste-guitariste,  improvisateur, jamais en mal d’avant-garde, qui compose sous la fascination du chant et de l’expression libre. La palette des sons et des timbres s’enrichit des combinaisons guitare-batterie, plus aériennes et ciselées que celles du piano et de la batterie, volontiers rugueuses, exacerbées. Sans relâche, l’un accompagne l’autre, et l’autre l’un, le guitariste poursuit l’échange avec une énergie frémissante, sans que la batterie ne le couvre. Au piano, il martèle plus allègrement, s’imposant en égal. Car tous deux, rythmiciens sans pareil, intègrent avec souplesse les imprévus de cette musique qui pourrait être dérangeante, qu’on écoute pourtant d’un trait, sensibles aux frôlements, effleurements, aux brusques éclats de free. Comme des voix irréelles, des rêves non moins étranges se répondent tout au long de l’album, ces pièces-paysages ou plutôt personnages, totalement ouvertes, laissent le temps s’y dilater.

On se laisse porter par la fluidité de ces lignes mélodiques faites de surprises, de couleurs exaltantes, appliquées en fines touches. Cette improvisation qu’ils maîtrisent pour en libérer tout le chant, jaillit sous nos yeux, déployant une fresque bigarrée qui traduit le mouvement et l’amplitude du bouquin culte dont les musiciens s’inspirent. Et pourtant, il n’y a pas de correspondance à rechercher, la musique du duo n’est pas une illustration mais une libre re-création, un voyage onirique dans l’arrrière-pays de la création, une promenade sans facilité qui conduit aux limites du son, du chant et du rêve. Le timing est rempli, la mission accomplie. 
Sophie CHAMBON -  LES DERNIERES NOUVELLES DU JAZZ

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